Bellaciao
Le classisme dans et hors système capitalisme.
On remarque parfois l’expression "Ni classisme, ni racisme, ni sexisme" mais qu’en est-il du classisme si on ne le réduit pas à de la discrimination ou du mépris ?
Le classisme en tant que domination globale de classe (1) contre le monde du travail salarié et plus largement le peuple-classe ne relève pas QUE d’une dynamique du capitalisme. Nous évoquerons le classisme au sein du système capitaliste puis dans un second temps le classisme hors système capitaliste.
La logique de "profit d’abord" des nations à forte dominante capitaliste, c’est à dire fondée sur la liberté de puissants groupes capitalistes d’accumuler des profits, est source d’inégalités sociales profondes et de constitution de classes sociales dominantes et même d’ "oligarchisation" avec des ultra-riches. Si ces classes dominantes (que l’on situe ordinairement au sein du 1% les plus riches de chaque nation) dominent c’est qu’elles agissent pour maintenir et renforcer leur pouvoir de classe. Elles usent du classisme sous toutes ses formes et aussi d’autres processus de domination sans doute moins centraux pour elles mais néanmoins décisifs comme le racisme et le sexisme et d’autres encore. C’est à considérer pour les forces sociales d’émancipation qu’elles soient syndicales, associatives ou de gauche politique.
Au sein des nations à dominante capitaliste, qui connaissent un secteur périphérique a-capitaliste (coopératives, services publics, sécurité sociale) mais pas anti-capitaliste, il n’y a pas que les grands possédants du privé a mobiliser le classisme c’est à dire différentes formes de domination de classe puisque l’on trouve des acteurs publics à le faire, notamment dans la haute fonction publique (HFP), laquelle se détache selon nous des trois versants de la Fonction publique de base par ses rémunérations de haut niveau.
Ce classisme porte frontablement contre le monde du travail salarié en augmentant l’exploitation de la force de travail, qu’il s’agisse des salaires et traitements maintenus plus bas que l’inflation ou qu’il s’agisse de l’intensification du travail et du refus de la réduction du temps de travail (RTT à moins de 35 heures hebdomadaires sans perte de salaire). Mais il porte aussi contre le peuple-classe (des 99%) en cassant les services publics, en les soumettant à des logiques privatistes et marchandes qui en diminuent la logique de satisfaction des besoins sociaux du dit peuple. Les classes sociales dominantes soit n’ont elles pas besoin des services publics (au mieux), soit veulent les acquérir, les privatiser, les marchandiser, les financiariser (au pire).
XX
Si l’on porte maintenant le regard sur les régimes politiques des nations qui ont connues des processus de transformation complexes peu ou prou de type révolution socialiste et contre-révolution stalinienne ont voit qu’il y a eu processus de (re)constitution de classe sociale dominante.
Au sein du contre-mouvement stalinien on a vu à Tirana « le régime d’Enver Hoxha prétendait poursuivre une "révolutionarisation" constante de la société inspirée par d’authentiques principes marxistes-léninistes — en opposition avec le révisionnisme allégué soviétique — afin d’abattre les privilèges de classes. En conséquence, les écarts de salaires sont significativement réduits, les grades militaires sont abolis et les travailleurs intellectuels sont contraints, un mois chaque année, d’effectuer un stage auprès des travailleurs manuels » (citation Wikiipédia). Il ne s’agit pas de faire ici l’apologie d’un régime politique de type stalinien.Il s’agit plutôt de remarquer que tous les régimes de réduction forte du capitalisme privé par divers procédés que la planète a connu au XXI siècle (URSS, Chine, Corèe du Nord, Yougoslavie, etc…) ont tous néanmoins maintenu des privilèges de classe et des formes de classisme et ce en lien avec une économie administrée sous la direction du « Parti communiste ». Le classisme de type stalinien signifie qu’il y a eu "dictature contre le prolétariat" et non pas dictature du prolétariat visant à l’élimination des classes dominantes et du classisme. On dirait "pouvoir autogéré du peuple-classe" de nos jours.
Poser une norme et même une réglementation d’abord sur le partage entre masse des profits et masse salariale puis ensuite sur l’écart maximal des salaires et traitements apparait positif quoique non suffisant. On trouve d’ailleurs dans les syndicats de travailleurs.ses et les partis politiques de gauche des propositions de ce type : Soit de 1 à 10, ou de 1 à 15 ou même de 1 à 20 (ce qui est trop à mon avis mais...). Le tout en général avec une augmentation du salaire minimum.
La Défense et promotion d’une Sécurité Sociale socialisée, ni privée ni publique, mais appartenant aux représentants du monde du travail est aussi une revendication majeure des forces d’émancipation.
La Défense et promotion des services publics via un Etat social conséquent et démocratisé est aussi un élément décisif pour tracer une perspective d’émancipation sociale et écologique . Cela suppose d’actionner ce que Bourdieu appelait la « main gauche » de l’Etat. La « main droite » de l’Etat serait elle en défense 1) d’un Etat pénal ou sur-pénal (police autonomisée et hors de contrôle et justice durement répressive contre les classes populaires mais plus laxiste contre les classes dominantes ) plus 2) un Etat mobilisant le triptyque « privatiser, marchandiser, financiariser » 3) un Etat fiscal injuste avec une courbe de fiscalisation descendante pour les classes dominantes.
Je m’en tiens là. Ce n’est qu’une contribution théorique pour un débat sur domination et émancipation.
Christian Delarue
1) classisme ici avec un sens plus large que discrimination de classe ou mépris, plus proche de politique de classe ou même "guerre de classe" menée par l’oligarchie (ultra-riches) et les classes dominantes du 1% dans chaque nation. Avec l’aide des cadres "dominants-dominés" comme classe d’appui. On a universalisation du classisme qui va avec la présence partout de classes sociales dominantes à fraction privée et publique.
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