Il se passe quelque chose d’intéressant dans la chanson depuis quelques mois. Est-ce le contexte social, économique, politique particulier, fébrile, tendu, voire violent ? Le chanteur Antoine Fetet reprend les chansons coup de poing à la poésie subversive de Bernard Haillant, Jann Halexander reprend des standards de la pasionaria anar Catherine Ribeiro, Faïza Kaddour chante la gouaille militante de Colette Magny. Autant vous dire qu’on est bien loin des sempiternels hommages à Brel, Ferrat ou Edith Piaf. Et ça fait du bien. Aussi, la joie est immense de voir le chanteur iconoclaste Bertrand Ferrier (qui avait déjà repris en 2019 et 2020 du Michel Bühler) reprendre à sa façon le répertoire de la ’folle’ Mama Béa, comme on la surnommait dans le show-biz des années 70. Un qualificatif qu’elle assumait elle-même. Femme de caractère, fragile et puissante, hurlant son désir de tendresse à la face du monde. Mama Béa Tekielski fut l’une des chanteuses qui remplissait le plus les salles de France à la fin des années 70, chantant dans des amphis de 2000, 3000 personnes. Toute une époque trop vite oubliée ou réduite à la variété diffusée chez Maritie et Gilbert Carpentier. Alors même si ces artistes de maintenant qui reprennent des chanteurs et des chanteuses engagés et populaires le font avant tout pour eux, on ne peut que saluer leur travail de transmission et ce rééquilibrage des souvenirs dans la mémoire collective. Bertrand Ferrier chantera Mama Béa le jeudi 16 mars à 19h au Théâtre du Gouvernail, Paris 19.