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RAOUL-MARC JENNAR : réunion Publique sur l’EUROPE le 13/01/2005 Salle Sénéchal à TOULOUSE

Publie le jeudi 6 janvier 2005 par Open-Publishing

Vous êtes invité-e-s à la Conférence donnée par RAOUL-MARC JENNAR 20h30, jeudi 13 janvier 2005, Salle du Sénéchal, 17 rue de Rémusat à Toulouse organisée par l’Alternative en Midi-Pyrénées, dans le cadre de la campagne pour le vote du "NON" lors du référendum sur la Constitution Européenne

Quand la Constitution Européenne tue l’Europe

Extraits du discours de Raoul Marc Jennar, à l’Assemblée Nationale, le 25 novembre 2004, lors de la réception du Prix des Amis du Monde Diplomatique, attribué pour son ouvrage « Europe, la trahison des élites » :

Avant toute chose, je tiens préciser que je ne suis ni un eurosceptique, ni un souverainiste, ni un nationaliste... De la même manière, avec d’autres, très nombreux, comme citoyen d’Europe et très précisément en cette qualité, je revendique le droit de critiquer les modalités de la construction politique d’une Europe fédérale que j’appelle de mes vœux.

Or, et c’est grande désolation, c’est en vain que nous affirmons ce droit.

Il nous est nié par la pensée unique qui sévit en particulier, dans les media... on pratique systématiquement l’amalgame entre les nostalgiques de l’État-Nation et les Européens critiques, attachés à un modèle de société qui, pourtant, fonde l’Europe... J’aime, à ce propos, reprendre ce que disait Pierre Bourdieu et que j’ai inscrit en exergue du livre : « La résistance à l’Europe des banquiers et à la restauration conservatrice qu’ils nous préparent ne peut-être qu’européenne »

Si on étudie de près l’évolution depuis 47 ans, on ne peut s’empêcher de constater que ce qui est à l’œuvre, pour l’essentiel, c’est la remise en cause de deux cents ans de conquêtes démocratiques et sociales. Et c’est la faute historique de la social-démocratie européenne, par naïveté ou par complicité, de s’associer à ce projet. Car, il faut bien être naïf pour croire que les privilèges abandonnés au peuple et les concessions faites au mouvement ouvrier sont des acquis intangibles ; pour croire que ceux qui ont dû céder se sont définitivement inclinés et qu’ils n’attendent pas l’occasion de reprendre ce qu’ils ont dû lâcher.

La construction européenne leur offre une formidable opportunité de reprendre par le haut, au nom de l’Europe, tout ce qu’ils avaient été contraints d’accepter au niveau de chaque État. Pour y parvenir, ils se servent de l’aspiration des peuples à une Europe politique forte à la fois de son unité et de sa diversité et ils le font en pratiquant un double langage, en faisant croire que ce projet est à l’œuvre alors que dans la réalité, c’est exactement le contraire qui se produit.

C’est ce que j’ai essayé de démontrer dans le livre, en faisant un quadruple constat...

Premièrement, plus on avance dans la construction européenne qui nous est imposée, moins l’exigence démocratique y trouve son compte... Les deux institutions qui sont les plus importantes dans l’architecture institutionnelle européenne, la Commission et le Conseil, ne sont comptables de leurs décisions ni devant les citoyens, ni devant leurs représentants. Les spécialistes du droit européen, toutes sensibilités politiques confondues, se sont accordés pour identifier l’absence de démocratie des institutions de l’Union en parlant de « déficit démocratique »...

Deuxième constat, plus on avance dans la construction européenne qui nous est imposée, plus s’accomplissent diverses formes de destruction sociale... Je retiendrai deux secteurs importants de la vie de nos sociétés à l’appui de cette affirmation : le monde rural et les services publics...

Troisième constat, plus on avance dans la construction européenne qui nous est imposée, plus nous sommes exposés aux méfaits de la mondialisation néolibérale. Contrairement à ce qu’affirme Pascal Lamy, face à cette mondialisation néolibérale, l’Europe n’est pas une partie de la solution, c’est une partie du problème.

L’Union européenne, dans l’enceinte de l’OMC comme dans les négociations bilatérales, s’efforce d’imposer des avancées substantielles en faveur de la dérégulation des États au profit des firmes privées, ce qui affecte directement le modèle social européen.

Enfin, quatrième constat, le « traité établissant une Constitution pour l’Europe » va renforcer, légaliser et pérenniser ces évolutions qui nous éloignent toujours plus du modèle de société qui est consubstantiel de l’idée d’Europe.

De quel modèle de société l’Europe est-elle porteuse ? Une société où, dans la liberté, se construisent des mécanismes de solidarité. C’est en Europe, et nulle part ailleurs, que dès le XVIIIe siècle, dans plusieurs pays, s’est exprimée la double revendication de libertés individuelles et de droits collectifs parfois dénommés droits sociaux... Or, le traité constitutionnel européen s’en écarte résolument en donnant la priorité à des valeurs qui confèrent à l’économique la primauté sur le politique.

Soumettre les droits sociaux à la concurrence qui doit être « libre et non faussée », annoncer une « économie sociale de marché hautement compétitive » en inscrivant à satiété les critères de compétitivité sans jamais inscrire les minima sociaux requis, adhérer à la Convention européenne des droits de l’Homme sans adhérer à la Déclaration universelle des droits de l’Homme alors que la première ignore les droits collectifs que la seconde consacre, imposer l’unanimité pour réformer ce traité constitutionnel, ce n’est pas proposer aux peuples d’Europe une Constitution qui fait consensus, c’est imposer un projet politique idéologiquement orienté aux générations présentes et à celles qui viennent.

Association « Les AMIS DE L’ALTERNATIVE EN MIDI-PYRENEES »
Siège : 50 rue des 36 Ponts - 31400 TOULOUSE

Contact : 06-74-67-28-09

Mail : alternative.toulouse@wanadoo.fr

Site : http://www.alternative-mip.org/