Accueil > L’affect révolutionnaire, c’est l’enthousiasme pour l’événement
L’affect révolutionnaire, c’est l’enthousiasme pour l’événement
Publie le mardi 4 mai 2010 par Open-Publishing1 commentaire
de Alain Badiou
Les "lendemains qui chantent" n’ont jamais été qu’une mythologie, plus employée, à vrai dire, par les ennemis de la pensée révolutionnaire ou communiste que par ses amis ou ses militants. Cette mythologie soutenait qu’on allait demander aux ouvriers et gens du peuple des sacrifices innombrables, au nom d’un futur nébuleux dont la réalisation serait constamment différée. C’était une des variantes de la propagande encore la plus active aujourd’hui : "Ce que vous avez n’est pas grand-chose, mais c’est réel, et ce que la politique d’émancipation vous promet est formidable, mais n’existe pas". Mais est-ce au nom d’une promesse fumeuse que des millions de gens se sont ralliés, et, n’en doutons pas, se rallieront, à des actions et des pensées politiques totalement étrangères au capitalo-parlementarisme qui prétend incarner la "réalité" ? Je n’en crois rien.
La temporalité de l’action inventive, de l’action qui vise non à gérer le monde tel qu’il est mais à y faire surgir des possibilités inconnues, est toujours, non pas du tout sous l’empire d’une représentation de l’avenir, mais sous celui de l’urgence du présent. Qu’on pense seulement à ce que signifie l’incertitude d’une insurrection, l’attente anxieuse du succès ou de l’échec d’une manifestation, voire le simple contentement de mener à la porte d’une usine une discussion significative avec un groupe d’ouvriers, ou la tension d’une veille nocturne pour empêcher si possible, au petit matin, une rafle de la police dans un foyer d’ouvriers de provenance africaine.
Oui, le temps réel de la vraie politique est le présent, l’intensité exceptionnelle que confère au présent de n’être plus dans le sillon des habitudes, des petites jouissances et des rivalités secondaires où s’enlise la vie telle que l’Etat la considère. La passion de la politique n’a pas pour affect la représentation dite « utopique » d’un avenir glorieux. Son affect se rapporte au contraire à ce qui advient d’imprévisible, à l’étonnement magique de ce que telle ou telle rencontre improbable a eu lieu, que tel ou tel mot d’ordre a été trouvé, dans une langue à la fois dure et claire, à l’issue d’une réunion improvisée. Kant l’a bien vu : cet affect révolutionnaire, c’est l’enthousiasme pour l’événement, et non la délectation abstraite du futur. Les sacrifices eux-mêmes sont-ils consentis sous l’idée abstraite du futur ? Evidemment non. Sans doute Malraux a-t-il été le grand romancier de leur nature réelle : affirmer, au présent, qu’une vie n’a de sens véritable que sous le signe d’une idée, et que l’idée elle-même n’a de sens que si elle est agissante dans une situation historique donnée. Qu’alors il y ait une inexplicable joie est un fait. Ces moments de la vie sont du reste ceux auxquels reviennent toujours, dans leurs récits d’existence, les survivants des combats. Ce sont les politiciens parlementaires qui, dans leurs « programmes », auquels eux-mêmes ne croient guère, promettent de satisfaire dans l’avenir les intérêts de leurs diverses clientèles.
Le « bonheur », pour eux, n’est jamais que la satisfaction, demain, des intérêts particuliers, la sécurité des routines et la perpétuation des fortunes. Mais le bonheur, dont j’espère qu’on pourra à nouveau le dire « communiste », n’est pas de cet ordre. Il est la découverte de ce que chacun est capable de bien plus de choses nouvelles que ce qu’il imaginait. L’opposition véritable, quant au bonheur, n’est pas entre le futur et le passé. Elle scinde le présent en une représentation conservatrice et sécuritaire et une urgence enthousiaste pour se nouer à ce qui n’avait jamais eu lieu et cependant advient. Le bonheur communiste se dira : « Aimez ce que jamais vous ne verrez deux fois. »
Messages
1. L’affect révolutionnaire, c’est l’enthousiasme pour l’événement, 6 mai 2010, 15:00
Le peak oil sort du sac et s’expose partout
Le cout estimé a ce jour, de la pollution du golfe du Mexique :+3,5 Milliards $ US.
Wednesday, May 05, 2010
I NEVER THOUGHT...
May 5, 2010 — ... I would live to see the day when something like this aired on CNBC. Peak Oil has gone mainstream. The cat’s out of the bag... and hungry.
http://www.youtube.com/watch?v=aiNBCyiB0XA
MCR
Posted by Jenna Orkin at 7:58 PM 9 comments
British Fish Stocks Drop 94%
From Jenna Orkin
Note : Please see posts below this one for vital updates on Collapsenet, where this blog will appear in the near future.
Headlines
Matt Simmons on Gulf Spill
"It really is a catastrophe," Simmons said. "I don’t think they’re going to be able to put the leak out until the reservoir depletes. It’s just too technically challenging."
He said BP’s cleanup costs could ruin the company.
"They’re going to have to clean up the Gulf of Mexico," he said.
JO comment : Would someone explain why dispersal is being touted as a solution ? Isn’t that like spreading the peas around on your plate so you don’t have to eat them or, in this case, clean them up ? Perhaps the only thing the Gulf spill has going for it is that it’s all in one place. If you disperse it, the contamination ratio of one part per million kicks in for real....
http://mikeruppert.blogspot.com/