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D’après l’ONU, les OGM ne résoudront pas les problèmes de faim dans le monde

Publie le mercredi 23 avril 2008 par Open-Publishing
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D’après l’ONU, les OGM ne résoudront pas les problèmes de faim dans le monde, encore un mythe qui s’écroule.

Alors que les appels partisans se multiplient pour le recours massif à la technologie transgénique afin de « résoudre la crise alimentaire mondiale », de nouvelles études scientifiques viennent contredire ces voix et révèlent que la modification génétique diminue la productivité des cultures.

Une étude, qui a été menée sur une période de trois ans à l’University of Kansas, épicentre de la ceinture agricole américaine, a découvert que le soja transgénique produit environ 10% de moins que son équivalent conventionnel. Ces résultats viennent contredire toutes les affirmations des défenseurs de la biotechnologie qui soutenaient que les OGM augmentaient les rendements.

Le professeur Barney Gordon, du département de recherche agronomique de cette université, affirme avoir débuté cette étude après avoir reçu des plaintes de cultivateurs. En effet, de nombreux fermiers qui venaient de passer à la culture de soja génétiquement modifié remarquaient que « les récoltes n’étaient pas aussi élevées qu’espérées même dans des conditions optimales », et ils ajoutaient dans leur surprise : « comment cela se fait-il que je n’obtienne pas une aussi bonne récolte qu’avant ? » Cette expérience a été menée à partir de semences de soja Roundup Ready de Monsanto et une variété semblable conventionnelle qui ont été cultivées dans le même champs, dans des conditions identiques. Les résultats obtenus révèlent une différence de rendement significative puisque les plantes transgéniques ont produit seulement 70 « boisseaux US » [1] (1904kg) de graines par acre, contre 77 « boisseaux US » (2095kg) de graines par acre pour le soja conventionnel.

Une seconde découverte révèle que les cultures transgéniques peuvent combler cette différence de rendement en ajoutant une dose plus élevée de fertilisant (manganèse), ce qui laisse suggérer au chercheur que la modification génétique altère la capacité de la plante à puiser les éléments essentiels dans le sol. De plus, même avec cet ajout de fertilisant, en aucun cas la récolte de soja transgénique n’arrive à dépasser la récolte conventionnelle mais seulement à l’égaler.

Cette nouvelle étude vient confirmer les conclusions d’une autre étude réalisée par l’University of Nebraska qui avait découvert que les semences de soja de Monsanto produisaient 6% de moins que son équivalent conventionnel, et que la différence allait jusqu’à 11% en comparaison avec les meilleures graines à haut rendement disponible sur le marché.

L’étude du Nebraska suggère que deux facteurs doivent être considérés pour comprendre cette différence de rendement. Premièrement cela prend du temps d’élaborer une espèce génétiquement modifiée, et durant ce délai de développement d’autres espèces conventionnelles sont améliorées pour augmenter le rendement selon les techniques traditionnelles de sélection. Même l’USDA, le Ministère de l’Agriculture, connu pour son soutien aux biotechnologies, reconnaît que ce décalage entraîne une baisse du rendement des récoltes.

Mais le fait est que même lorsque l’on réalise la comparaison ente du soja OGM et non-OGM avec des variétés identiques, la différence de rendement est toujours présente, ce qui implique qu’un second facteur intervient. Les deux Universités s’accordent sur le fait que ce serait la modification génétique qui aurait pour effet secondaire de réduire la productivité de la plante. Il semblerait que la situation se soit aussi produite avec les cultures de coton génétiquement modifié puisque la récolte totale américaine a décliné au fur et à mesure que la technologie transgénique prenait le dessus.

Monsanto a reconnu sa surprise face à l’envergure du déclin de productivité révélé par l’étude du Kansas mais n’a pas nié le fait qu’il existe une différence de rendement des récoltes. L’entreprise a déclaré que son soja n’avait pas été élaboré pour augmenter les récoltes mais qu’elle travaillait actuellement au développement d’une nouvelle espèce à haut rendement. Les critiques doutent que ce soit réalisable car cela exigerait des modifications génétiques beaucoup plus complexes.

De plus Lester Brown, President du Earth Policy Institute à Washington, et qui fut l’un des premiers à prédire la crise alimentaire actuelle, remarque que la physiologie des plantes atteindrait déjà les limites de la productivité maximale envisageable. Lui-même un sélectionneur chevronné, il dresse une métaphore avec les coureurs de sprint. « Depuis le premier homme qui est descendu en dessous de la barre des 10 secondes aux cent mètres, le meilleur temps n’a été amélioré que très modestement, malgré toutes les techniques d’entraînement les plus avancées, personne n’imagine descendre en dessous des 9 secondes. »

A la mi-avril, la plus grande étude réalisée à ce jour sur le sujet des rendement agricoles, qui a été menée par l’International Assessment of Agricultural Science and Technology for Development et soutenu par l’ONU [2], a conclu que les OGM ne pouvaient pas résoudre la pénurie alimentaire actuelle. Lorsqu’on lui a demandé si les OGM pouvaient être la solution contre la faim dans le monde, le professeur Bob Watson, le directeur de l’étude mais aussi scientifique en chef pour le Department for Environment, Food and Rural Affairs (Ministère Anglais), a dit que la « réponse est simple, c’est non ».

D’après la traduction d’un article de Geoffrey Lean, The great Gm crops myth, pour The Independent, 20 Avril 2008.

[1] Le boisseau US est une unité utilisée en agriculture pour les cotations en bourse des ventes de céréales aux États-Unis. Les équivalences standards avec les unités utilisées pour les cotations en Europe sont les suivantes : 1 boisseau US de blé vaut 0,02721 tonnes ; 1 boisseau US de maïs vaut 0,02540 tonnes ; 1 boisseau US de soja vaut 0,02721 tonnes

[2] The IAASTD was launched as an intergovernmental process, with a multi-stakeholder Bureau, under the co-sponsorship of the FAO, GEF, UNDP, UNEP, UNESCO, the World Bank and WHO

http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article129

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