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Appel pour un contre sommet au Sommet Mondial de la Société de l’Information à Tunis
Publie le jeudi 30 décembre 2004 par Open-PublishingLe prochain Sommet de la Société de l’Information aura lieu à Tunis en Tunisie. Les organisateurs veulent se concentrer sur l’utilisation gouvernementale et corporative de l’information et des technologies de communication. Cette approche tombe à pic avec le choix du lieu.
La Tunisie n’est pas seulement un allié prisé par l’Occident, mais elle est aussi considérée comme ce que l’on nomme le modèle Occidental par rapport au reste du monde Arabe. Pourquoi ? Parce que la Tunisie a totalement privatisé un son secteur textile qui a dynamisé son économie par une production dans des usines d’occasion, de textiles très bon marché, que l’on appelle aussi sweat shops ou magasins de sucrerie, qui exportent leur production vers l’Europe et les USA. Toutefois, le Président Ben Ali exerce en même temps une dictature sans merci qui confisque la parole à tout dissident.
Par conséquent, le choix du lieu pour un sommet de la société de l’information est bien plus qu’hypocrite. Alors que la Tunisie rattrape les écarts économiques avec le Nord capitaliste, elle est loin de toute société d’information si l’on parle de liberté d’information.
Pourtant le sommet ne donne pas seulement une légitimité à un régime répressif mais ses objectifs ignorent aussi la situation sociale et technologique dans la région.
La majorité des gens dans cette partie du monde n’ont pas accès à l’Internet. S’ils y accèdent à travers les cybercafés ou les universités, ils manquent souvent du savoir faire technologique qui le permet d’adapter le monde du web à leurs besoins propres, comme savent le faire les gens du Nord. Et le commerce électronique est certainement la dernière chose dont ils ont besoin.
Lorsqu’on regarde de près l’usage que veulent faire les gouvernements avec les Technologies de l’Information et des Communications TIC, qui sera donc discuté à Tunis, l’on constate que pour les ministères il ne s’agit pas seulement de spécifier l’utilisation des sites web pour les citoyens. Ils veulent aussi obtenir plus de contrôle des technologies, qui permettra donc plus de censure et de persécution des activistes.
Actuellement, les débats en cours portent sur la question de savoir si Internet devrait être dirigé par l’ICANN (dominé par le monde privé des affaires) ou s’il doit être transféré sous la direction de l’Union Internationale des Communications ITU (dominée par les Etats). Un pays comme la Tunisie recevra certainement très favorablement un tel transfère. Mais le sujet reste pertinent partout dans le monde puisque les gouvernements essayent partout de diminuer les libertés civiles au nom de la guerre dite contre le terrorisme.
Nous voulons, dans un sommet concurrent, exposer ces problèmes ensemble avec des organisations civiles, des médias et des militants des droits de l’Homme de la région.
Quelques idées pour plus de discussion, d’actions et d’atelier de travaux pratiques pour le Contre Sommet :
1. Censure
Dans tout le monde Arabe et une grande partie de l’Afrique la liberté d’expression n’existe pas. La plupart des pays ont des censeurs qui décident de ce qui est convenable à lire ou à voir pour leurs peuples. Tous ces pays contrôlent les médias en imposant des autorisations très difficiles à obtenir. Dans le cadre du SMSI, nous voulons appeler à l’abolition de toute forme de censure.
2. Répression des activistes dans le domaine des médias
De plus en plus de personnes ont découvert l’Internet pour s’exprimer et pour organiser des oppositions dans des pays qui punissent ces deux activités par la prison. Alors qu’au début les régimes semblaient inconscients de cet activisme, ils ont maintenant commencé à réagir. Beaucoup d’activistes ont été arrêtés et font face à des peines d’emprisonnement, comme par exemple la communauté gay en Egypte. En Tunisie et en Syrie les activistes d’Internet sont persécutés. Le Sommet pourrait être une excellente opportunité pour diffuser des informations sur ces cas et appeler à la solidarité.
3. Création d’accès
Dans une certaine mesure l’Internet peut être un instrument pour contourner les politiques de restriction et de censure comme sont, les faibles bandes FM des radios, des solutions contre les gouvernements qui n’accordent de licence qu’à ceux qui les soutiennent. Nous voulons discuter comment nous pouvons établir des médias alternatifs et des sites web communautaires ou des radios FM dans les zones pauvres et les villages, tout en gardant à l’esprit qu’apprendre aux gens comment gérer leur propre média est un concept de base pour la démocratie médiatique. Nous espérons aussi établir un groupe de consultation basé sur le volontariat pour fournir des softwares et de l’assistance à ceux qui veulent construire des sites web.
4. Le droit à la technologie
L’accès à la technologie est un droit humain dans un monde où la connaissance et l’information sont primordiales pour le bien être des gens, pour leur carrières et pour leur vie. Toutefois, et bien plus que dans le Nord, INTEL et Microsoft contrôlent les technologies et leur accès dans la plupart des pays en développement et surtout dans le monde Arabe.
Une de leurs stratégies est d’établir des centres prêts à l’emploi gratuitement pour des ONG sur une période de deux ans. Par conséquent, Microsoft et INTEL apparaissent comme des bienfaiteurs tout en se créant pour eux-mêmes un immense panneau publicitaire, et peuvent en même temps étudier de nouveaux marchés avec les sensibilités locales tout en développant à bas prix des softwares arabes.
Mais par ailleurs la contre partie pour les sociétés civiles est infime. Comme à priori aucune ONG ne peut maintenir un centre au-delà des deux années gratuites, elle le perd. Par conséquent même si un bon travail a été fait, n’étant pas durable il n’a pas d’impact sur la société tout comme beaucoup d’aides étrangères qui peuvent étouffer mêmes les activités des groupes les plus dociles lorsqu’elles ne sont pas durables.
5. Précarité de la situation des travailleurs dans le domaine de l’information
Que ce soit dans le Nord ou dans le Sud, les travailleurs dans les domaines de l’Information sont ignorés par les unions syndicales. Dans beaucoup de pays en développement ils n’ont probablement même pas de sécurité sociale puisque les politiques des Etats ne les reconnaissent pas. Cette nouvelle force de travail émergeante semble toute de même se porter mieux que d’autres. Toutefois cela changera avec son développement mais en même temps la détérioration des droits des travailleurs peut s’accentuer dans les sociétés. Beaucoup d’entre nous appartiennent à cette force de travail. Nous voulons discuter au Sommet comment nous pouvons organiser et créer des unions syndicales défendant nos droits à travers le monde.
6. Numérisation et accès aux ressources
Une partie petit et limitée des financements pour les projet et programmes des TIC sert à développer les outils de localisations, plus spécifiquement la traduction dans les langues locales et la numérisation du savoir local. Les outils de localisation des langues indigènes, tels que les programmes OCR, sont encore très coûteux et sous-développés. Nous suggérons de restructurer les financements et les investissements des TIC et des TIC4D de manière à prendre en considération autant les besoins locaux que la localisation du savoir.
7. La liberté de circulation en tant que droit de communication
Les gens circulent à travers les frontières matérielles et virtuelles. Les gens poussent les frontières à travers la communication physique et numérique. Les Etats et les multinationales renforcent les contrôlent sur les deux flux. Empêcher les gens de circuler où ils veulent, veut dire les empêcher de communiquer avec la méthode de leur choix.